Antoine Seiter was born in a small village in the center of France. During his studies, he came back regularly to his parents and began to photograph his younger sister, Julia (J). The project started in 2008 continues today. This book prints a step : a dozen years documenting the childhood and adolescence of his sister. The sequence is marked by an accident, body changes and work. It testifies to the relationship between the photographer and his sister. This relationship reveals to us the multiple aspects of a face, the open and the closed. That is to say the capacity of the face to know itself, recognize and dialogue with the others.
In a short story (which unfortunately remains untranslated) the author Marc Faysse wrote about the love story of two young guys, Achille (the narrator) and Augustin. It cross the path of Seiter's work by telling a story of emancipation.
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PhotoBook Journal
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Nouveau Palais is a french publishing house with documentary photography as main subject.
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Design : Juliette Duhé et Sébastien Riollier
Code : Élie Quintard
Ce soir-là, je l’ai vu pour la première fois. Le bois dans lequel je campe sans autorisation est protecteur et effrayant. Il n’est pas rare que des campements comme le mien soient l’objet de dénonciation de la part des estivants, heureux propriétaires de maisons secondaires. Notre présence à nous, les travailleurs de l’été, semble leur faire du tort, leur gâcher le paysage. C’est donc un réflexe : dès que j’entends du bruit, la nuit tombée, j’entre dans la caravane en silence afin que l’on croit l’endroit abandonné. Par bonheur, cela n’arrive pas souvent, mon coin est au fond d’un cul de sac, en contrebas d’un talus que personne ne franchit. La pâleur du ciel de la mi-août arrose la cime des arbres et je songe aux pages que je viens de lire quand un son me parvient depuis les profondeurs de la forêt.
Il s’approche dans un bruit diffus de buissons qu’on écarte, accompagné par le frissonnement des feuilles bousculées par le vent côtier. C’est un groupe : je perçois des voix étouffées. Comme mon campement est, malgré son isolement, au bout d’un chemin, il y a une sorte de fatalité dans notre rencontre. Je suis pris de la panique de ceux qui sont seuls et face à une situation inconnue.
La conversation se rapproche. Je vois les lumières des téléphones portables osciller dans l’obscurité. Ils sont quatre. Deux garçons et deux filles. Je suis figé tandis qu’ils arrivent. Je jette un oeil sur la table de camping éclairée par la lampe à huile de la caravane : les restes de mon dîner, des boites de conserves ouvertes.
Ils sont désormais à l’orée de ma petite clairière.
« Attends, il y a quelqu’un, fais gaffe, Augustin.
— Mais c’est bon, il n’y a jamais personne ici. »
« Bonjour », je dis.