Au printemps 2020, à Toronto, David Cayley s’interroge sur la pandémie de la Covid-19 et sa gestion par les États occidentaux. S’appuyant sur les travaux du philosophe Ivan Illich, il alerte sur une forme de négation de la mort, laquelle « dissimule tout le reste, à savoir l’expérimentation à grande échelle du contrôle social et de l’obéissance sociale, la légitimation de la téléprésence comme mode de sociabilité et d’enseignement, l’accroissement de la surveillance, la normalisation de la biopolitique et le renforcement des mesures préventives comme fondements de la vie sociale. »
À Paris au printemps de cette même année, avec l’instauration du confinement pour juguler la pandémie, la rue s’est soudainement vidée. Le dispositif sanitaire adossé à un dispositif policier aura permis au pouvoir une montée de régime – sans rencontrer de grande résistance – dans sa politique sécuritaire initiée des années plus tôt avec notamment le plan Vigipirate. Le photographe Myr Muratet a documenté, à sa façon, la ville silencieuse.
Presse
Le Monde diplomatique
Lundi matin
Bibliothèque Fahrenheit 451
Critique d'Art - Joerg Bader
L'intervalle
Les éditions Nouveau Palais proposent depuis 2020 des livres de photographie documentaire. Chaque série d’images est accompagnée d’un texte venant apporter un angle aussi différent que pertinent avec le sujet abordé. Nos choix défendent une photographie et une littérature politique aux revendications égalitaires.
Crédits du site internet
Design : Juliette Duhé et Sébastien Riollier
Programmation : Élie Quintard
Sur la pandémie actuelle d'après le point de vue d'Ivan Illich (extrait)
8 avril 2020
La semaine dernière, j’ai commencé à écrire un texte au sujet de la pandémie qui sévit actuellement, afin d’aborder la question principale qu'elle soulève à mes yeux : le lourd et coûteux effort pour endiguer et limiter les maux causés par le virus est-il l’unique solution qui s’offre à nous ? N’est-ce qu’un exercice logique et inévitable, dicté par la prudence, afin de protéger les plus vulnérables ? Ou bien s’agit-il d’un effort désastreux pour contrôler ce qui est manifestement hors de tout contrôle ? Un effort qui cumule les dégâts provoqués par la maladie à d’autres problèmes, dont les répercussions se poursuivront jusque dans un avenir lointain ? Je me suis vite rendu compte que la plupart de mes hypothèses, qui découlent d'une longue réflexion sur les travaux d'Ivan Illich, sont très éloignées de celles que j'entends. J’en ai déduit qu’avant de pouvoir parler clairement des circonstances actuelles, il me fallait d’abord expliquer la vision d’Ivan Illich, qui a passé sa vie à réfléchir sur la santé, la médecine et la question du bien-être. Je vais donc commencer par présenter de façon succincte l’évolution de la critique qu’Illich fait de la biomédecine, après quoi j’essaierai de répondre aux questions soulevées précédemment.